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Témoignage de Christelle, bénévole "sans étiquette"

Dernière mise à jour : 22 sept. 2021


Peux-tu te présenter de la manière dont tu le souhaites ?


Je m’appelle Christelle, j’ai 41 ans, je suis maman de trois ados, de 18, 16 et 14 ans. Et dans la vie de tous les jours je suis formatrice dans un organisme administratif.



Depuis quand fais-tu de l’associatif ? Qu’est-ce qui t’as donné envie de te lancer ?


Ça a démarré à Paris, il y a deux ans de ça. C’était pendant les fêtes de fin d’année, j’étais dans une période de ma vie où c’était difficile, et du coup, je voulais pas faire les fêtes de fin d’année, enfin le réveillon. Je me suis renseignée à Paris, et j’ai fait une maraude pour le 31 décembre. J’avais envie d’être utile aux gens en fait, de partager avec des gens et je me suis dit qu’il y avait plein de gens qui étaient malheureux à cette période-là, et voilà… J’ai contacté une association, on a fait une maraude de nuit, et je me suis tellement sentie embarquée par leurs histoires, et embarquée par les liens que ça pouvait créer, que j’ai continué après sur Lyon.



Ton parcours associatif depuis cette première maraude ?


J’ai démarré sur des maraudes mobiles à Paris, qui sont d’ailleurs extrêmement dures sur Paris, beaucoup plus que sur le secteur lyonnais, franchement c’est des conditions de vie… On dirait pas parce que Paris c’est quand même une belle ville, mais il y des quartiers qui sont très difficiles. Donc j’ai commencé à Paris, et ensuite,, sur Lyon j’ai d’abord pris contact avec une ONG qui s’appelle Muslim Hands (MHF Lyon), donc j’ai commencé à intervenir dans des familles syriennes, donc des familles qui avaient fui la guerre. On leur proposait des colis alimentaires toutes les semaines, on allait les voir dans des squats et on aidait aussi les familles pour emmener les enfants dans tout ce qui est PMI et les inscriptions pour les écoles. Donc j’ai démarré comme ça, et suite à cela, Muslim Hands faisait des partenariats avec des associations de maraudes alimentaires, dont La Main Tendue. Donc nous, avec MHF, on apportait des kits hygiène, et on s’était réunis avec l’association La Main Tendue pour donner des sacs alimentaires, et c’est comme ça que j’ai commencé à faire des maraudes mobiles et des distributions. Donc j’ai commencé en maraude alimentaire avec La Main Tendue et ensuite j’ai décidé de donner un petit peu aux associations sans étiquette, peu importe qui étaient les assos, du moment que ça me convenait dans mon planning et que les valeurs de l’asso me convenaient aussi. Donc là je connais plein d’associations lyonnaises, mais j’ai pas vraiment d’attache forcément plus avec une que l’autre !



Qu’est-ce que l’associatif à apporter dans ta vie ? Est-ce que tu penses que ça t’a changée ?


Oui, je pense que ça m’a changée sur la manière de voir la vie, et surtout les problèmes qu’on peut avoir. Ça me fait beaucoup relativiser et ça me rappelle que la vie peut basculer à tout moment. Qu’aujourd’hui c’est moi qui donne, mais ce sera peut-être moi demain qui aurai besoin d’aide. Je pense qu’indirectement ça a donné un certain sens à ma vie. J’ai l’impression déjà de moins perdre du temps à faire des choses futiles. Et ça m’a apporté aussi beaucoup sur le côté humain, ça m’a permis d’avoir moins peur d’aller vers l’autre, et de ne jamais avoir de jugement sur les gens. Ça m’apporte beaucoup de choses positives. Ça me rappelle la chance que j’ai d’avoir certaines choses, qu’avant je trouvais simples, que je ne me rendais même pas compte que j’avais la chance d’avoir… Et en fait, aujourd’hui, quand je vois ce que j’ai, même si je suis quelqu’un de… on va dire « lambda », « normale », et ben, je me dis qu’il y a peut-être certaines choses que je pensais qui étaient normales, qui étaient acquises, et que je me dis que je pourrais perdre du jour au lendemain, et que je suis quand même chanceuse de la vie que j’ai, que je dois me satisfaire de ce que j’ai, et qu’au final on n’a pas tant de problèmes que ça.



Est-ce que t’avais des préjugés sur les personnes en situation de précarité que tu as pu déconstruire à leur contact ?


Alors, je vais être vraiment transparente ! Avant, quand j’étais plus jeune, j’avais l’impression que les gens qui étaient dans la rue, c’était des gens qui étaient un peu marginaux, qui buvaient, ou voilà…, qui avaient des problèmes d’addiction. Et puis je me suis rendu compte, en partageant avec tous les bénéficiaires que je rencontre, que c’est pas ça du tout. Il peut y avoir des gens qui sont dans la rue par choix, mais la plupart du temps ce sont des gens qui sont en fracture sociale, qui ont eu d’autres problèmes, et c’est pas forcément des gens qui vont boire. Ils me faisaient un peu peur en fait, on peut dire ! Alors qu’aujourd’hui non, je sais que c’est des gens comme toi et moi ! Avant, j’avais peut-être plus des préjugés sur tout ce qui est alcool, addiction, des choses qui pouvaient, … pas me rebuter, parce que j’allais les voir, je leur donnais des choses, mais … en fait, ça a changé la vision du monde de la précarité pour moi. Je me rendais pas compte d’où venaient ces gens, et comment ils en étaient arrivés là. Je ne voyais pas les gens comme je les vois aujourd’hui. Surtout par rapport à la drogue et à l’alcool, c’est des gens, quand ils font ça, c’est peut-être même des gens qui le faisaient déjà avant. Je me rends compte, en fait, j’avais l’impression que c’était le fait qu’ils soient alcooliques, et qu’ils soient dans des addictions qui faisait qu’ils étaient comme ça, mais en fait pas du tout. Il y a des gens que j’ai rencontré qui me disaient, « j’étais déjà comme ça avant, et c’est pas ce qui a fait que je suis arrivé dans la rue ». Et j’ai beaucoup appris sur les histoires des gens, la manière dont ils sont arrivés ici, et que la vie peut vraiment basculer du jour au lendemain. Et ça, je m’en rendais pas compte avant, en fait, ça peut être notre voisin, ça peut être un oncle, ça peut être n’importe qui dans la rue… j’avais vraiment l’impression que la précarité c’était loin de moi, même si moi, plus jeune, j’ai pu avoir des problèmes financiers par rapport à ma famille, mais je me rendais pas compte qu’on pouvait tomber si bas, comme ça. Je pensais que c’était plus, on va dire, « un choix de vie », je me demandais même des fois, est-ce qu’ils font tout pour s’en sortir ? Alors que je le vois bien aujourd’hui, en faisant de l’accompagnement social, que les gens essaient de tout faire pour s’en sortir, et que c’est beaucoup plus difficile que tout ce qu’on pourrait croire. Il y a des gens qui vont vous dire « mais il y a quand même du travail, il y a quand même des possibilités maintenant en France - soi-disant -, d’avoir de l’hébergement », et en fait c’est super dur ! Je me rendais pas compte des difficultés que pouvaient avoir ces personnes-là, moi-même je trouve que c’est difficile quand je les accompagne, alors que j’ai pas forcément de problèmes personnels, donc ça a cassé ces codes-là ouais… Je me disais « c’est peut-être des gens qui essaient pas forcément de s’en sortir, …voilà, qui se satisfont d’être dans ce domaine-là, mais en fait pas du tout. C’est très difficile, la rue.. c’est très difficile.

Avant, quand les SDF étaient en colère ou qu’il me criaient dessus, j’avais aussi l’impression que c’était toujours pour nous, et aujourd’hui j’ai compris que quand ils sont pas biens, qu’ils sont en colère ou même qu’ils vont nous faire une remarque, c’est parce qu’il faut pas oublier qu’ils ont une vie difficile, et que parfois c’est juste un élément dans leur journée qui a fait qu’ils sont énervés. Et du coup, j’ai compris aujourd’hui quand je vais en maraude par exemple, et que ça se passe pas bien, que les choses ne sont pas contre moi, mais que c’est une accumulation de mal-être, de difficultés, de freins périphériques, de tout ce qu’ils peuvent rencontrer, qui fait que à l’instant T ils sont énervés, mais que ça fait pas d’eux des gens violents ou méchants. Et avant, c’est vrai que je pouvais en avoir peur, et que je pouvais me dire "bah non, quand je vois qu’ils crient je vais pas m’en approcher", alors que c’est simplement qu’ils sont pas bien.

Et il y a autre chose aussi, quelque chose qui est très intéressant et que j’ai découvert il y a pas longtemps, alors que ça fait déjà deux ans que je fais de l’associatif vraiment régulier, c’est qu’avant j’avais toujours l’impression qu’ils voulaient de l’argent pour s’acheter de la drogue ou de l’alcool. Et en fait, déjà, ils ont pas forcément besoin que de l’argent, donc ça, c’est un des préjugés que j’ai cassé en me disant juste des fois quand ils m’accostent c’est pas forcément pour demander de l’argent. Et même aujourd’hui, quand ils me demandent de l’argent, c’est pas forcément pour s’acheter de l’alcool ou de la drogue. J’ai discuté avec plusieurs SDF qui me disent « parfois je fais la manche juste pour pouvoir m’acheter quelque chose qui me fait plaisir ». Parce qu’en fait nous, association de maraude, ou association vestimentaire, on leur apporte des choses qu’on leur impose, alors qu’eux, parfois ils font la manche pour avoir juste par exemple 5€ et pouvoir s’acheter quelque chose dont eux ils ont envie. Parce que si on regarde leur vie, oui, certes, ils ont à manger tous les jours, même sur le secteur lyonnais, mais en fait ils ont tous les jours à manger quelque chose que nous, on leur donne. Et en plus, c’est souvent les mêmes repas, alors que là, par exemple la personne que j’accompagne il me dit « je récupère même juste 5€ dans la journée, juste pour me faire un seul plaisir. Un seul plaisir, une pâtisserie, un truc que moi, j’ai choisi,, et non pas qu’on m’a imposé ». Non pas parce qu’il nous en veut, mais parce qu’il a envie d’avoir une certaine dignité, et c’est comme nous, si on se met à leur place, c’est comme si on me disait « bah aujourd’hui tu t’habilles comme ça parce que j’ai que ça comme linge à te donner, tu vas manger des pâtes pendant trois jours parce que je n’ai que ça à te donner ». Et bah en fait voilà, au début je me disais que l’argent ça ne servait qu'à l’alcool et à la drogue, et en fait aujourd’hui j’ai compris que parfois s'ils en demandent c’est que c’est nécessaire pour leur bien-être et pour leur changer les idées, et qu’ils se fassent juste un petit plaisir à leur journée.


C’est aussi ce qui fait vivre finalement, et qui redonne une certaine individualité. On ne s’en rend pas compte, on se dit « ils sont en mode survie », ils ont pas besoin de plus que ce qu’il leur faut pour survivre. On ne se rend pas compte de tous les plaisirs et les choix qu’on peut faire dans une journée, et qu’ils n'ont pas.


Oui, c’est ça, parce que des fois on se dit « oui c’est bon ils ont à manger au moins une fois par jour, ils ont des vêtements et tout » mais en fait on ne se rend pas compte de l’impact psychologique derrière. Oui, ils sont quand-même contents, parce qu’ils ont quand-même un minimum vital, mais c’est quelque chose qui leur est imposé, et ça je pense que c’est difficile pour l’humain. C’est pas qu’ils sont difficiles eux, en fait, c’est pas qu’ils ont des goûts de luxe, c’est pas ça, c’est qu’il y a des moments où ils ont besoin de ne pas subir forcément ce qu’on leur impose. Et ça, c’est quelque chose pour moi qui est très important, et dont j’avais pas la perception avant. Parce que vraiment je me disais « je vais pas leur donner de l’argent parce que je veux pas qu’ils boivent ». Moi, par exemple, je suis contre l’alcool, et je me disais même, je préfère leur donner un sandwich, que je ne lui faisais pas choisir, j’allais le chercher et je lui imposais. Alors que non, peut-être qu’il a juste besoin de 5€ pour s’acheter quelque chose dont il a envie, et qui ne me regarde même pas à la limite ! Parce que c’est son propre choix. Alors je vois les choses différemment. Après, je donne pas forcément de l’argent, parce que je n’ai forcément les finances, et que je préfère donner de mon temps, mais disons que si je dois le faire, je ne me soucis plus de ce qu’ils vont acheter avec. Je me dis que je donne avec mon cœur, et après c’est à eux de voir ce qu’ils font avec.


Je pense qu’il y a aussi cette perception qu’on peut avoir qu’on sait mieux qu’eux ce qu’il y a de mieux pour eux. Comme si on se disait que nous, dans notre situation, on était plus aptes à décider pour eux, parce que comme ils sont à la rue, ils ont dû faire de mauvais choix, et qu’ils ne peuvent pas « se gérer », donc on va décider pour eux. C’est hyper inconscient je pense, mais c’est horrible la façon dont on peut les infantiliser sans s'en rendre compte...


Exactement ! Et même si on fait que du bénévolat pour donner un repas par exemple, et qu’on ne fait pas du social, il faut savoir que chacun réagit différemment, même dans la vie de tous les jours, quand on n’a pas forcément de gros problème. Et des fois, ils vont pouvoir faire des choix qui vont pouvoir nous surprendre et qu’on ne comprend pas. Et il ne faut pas oublier que parfois ils ont des situations qui sont difficiles, ils ont leur vécu, et on n’a pas forcément la même perception des choses, on ne fait déjà pas dans la vie tous les mêmes choix, alors eux, avec des fractures comme ça, on va dire qu’ils ont des vies "cabossées", on ne peut pas les juger, et on ne peut pas les forcer, surtout. Par exemple, moi, quand je vais en maraude je dis toujours aux gens « ne leur imposez pas un repas s’ils vous disent non », ne leur dites pas « garde-le pour demain », en fait il faut respecter le choix de la personne qu’on a en face. Et ça, c’est hyper important, alors qu’avant c’est un des préjugés que j’avais. Je me disais « s’il refuse à manger c’est qu’il n’a pas faim, qu’il ne manque de rien », mais en fait pas du tout, c’est qu’il a pas envie, qu’il gaspille pas, ou peut-être que ce soir-là il a pas envie de manger mais il voulait juste discuter. Ça c’est des petits codes qui font qu’il faut arrêter de stigmatiser et de penser pour les autres, tout simplement. J’essaie toujours d’accompagner comme j’aimerais être accompagnée si j’étais à leur place. Et ça, c’est hyper important, de replacer ça dans son contexte, et surtout de mettre de côté nos égo et de ne pas oublier que nous aussi on peut être à leur place.



Quels sont les clichés que tu entends autour de toi et que t’aimerais démentir ?


Et bah par exemple justement, on va dire « les SDF boivent, ils font rien de la journée, ils font que faire la manche, etc… Et en fait il faut savoir que non, pas du tout, il y a beaucoup de SDF qui font tout pour s’en sortir, moi j’en accompagne par exemple qui font des formations, qui se lèvent tous les matins, qui font par exemples des formations de 9 à 17h alors qu’ils dorment pas de la nuit parce qu’ils sont dans des tentes. Et, pour ça, j’aimerais bien que la vision des gens change. Par exemple, quand on dit, pareil, "les SDF ils sont pas propres" c’est faux ! Il y a beaucoup de SDF qui essaient au maximum, il y a des douches publiques etc, et on n’a pas le droit de cataloguer les gens comme ça et je trouve que c’est dommage. Et voila, tout ce qui est addiction, drogue, déjà c’est pas tous les SDF qui touchent à ce genre de choses, et, en plus de ça, ça reste des clichés quoi. Il y a beaucoup de gens qui pensent que les SDF veulent absolument de l’argent, ça aussi c’est quelque chose que j’aimerais vraiment dénoncer ! C’est qu’à chaque fois ils me disent « mais pourquoi tu t’approches des SDF, ils demandent toujours de l’argent ! » mais en fait c’est faux ; une personne c’est une personne, il voudrait peut-être juste un petit sourire, un bonjour, ça va ? Vous avez besoin de quelque chose ? Et si ça se trouve juste un sourire, un bonjour, ça va leur suffire et c’est la seule chose dont ils ont besoin. Donc il faut arrêter de penser qu’à chaque fois ils réclament de l’argent, parfois c’est juste un petit peu d’intérêt, un petit peu de considération et d’attention, qu’ils existent et qu’ils sont là, comme nous, à avoir besoin de chaleur humaine et d'un peu d’échange, et ils ont pas besoin de grand-chose à part ça.



Est-ce que tu aurais quelque chose à dire aux futurs médecins et aux médecins qui sont amenés à s’occuper de personnes en situation de précarité ?


Sur leur manière d’accompagner, pas spécifiquement, parce que j’ai pas forcément eu affaire à des personnes dans ce domaine-là. Par contre, si j’ai quelque chose à leur demander, parce que là j’ai été touchée récemment par un de mes bénéficiaires qui a dont été hospitalisé, et je sais que le milieu hospitalier peut peut-être avoir un peu plus de poids que les associations par exemple, sur les structures notamment d’hébergement. Et, ce que j’aimerais bien, en fait, c’est que certes, il faut soigner le bénéficiaire au moment où il est rentré par exemple à l’hôpital, mais par exemple là ce que je reproche à l’hôpital qui a été fait avec mon bénéficiaire c’est que quasiment rien n’a été fait au niveau administratif pour essayer de l’aider et appuyer les demandes des associations. Par exemple, moi à la maison de la Veille sociale, j’avais fait des demandes de logement pour un de mes bénéficiaires qui est âgé, qui a été hospitalisé, et ben, j’ai pas forcément eu d’appui par l’hôpital pour dire bah oui la personne a raison il faudrait accélérer l’attribution d’un logement. Et en fait, ce que je voudrais juste demander, si c’était possible, c’est pas du coup le médecin en lui-même ou même l’infirmière, mais peut-être que du coup il y ait plus de liens dans des situations comme ça, avec tout ce qui est assistantes sociales de secteur pour tout ce qui est hôpitaux , pour qu’il y ait un relais et que du coup toutes ces situations d’hospitalisation ou même de consultation puissent être remontées pour que ce soit plus efficace au niveau des attributions de logement par exemple, ou même tout ce qui est administratif. Parce que malheureusement là, pour un bénéficiaire qui est resté quasiment 8 jours à l’hôpital, il y a pas eu de visite par exemple d’une assistante sociale. Il a fallu que moi, en tant qu’association ou bénévole lambda, j’appelle une assistante sociale pour leur dire "attention vous avez un patient qui est SDF qui vous l’a signalé, qu’est-ce que vous allez faire pour lui?", mais heureusement j’avais un numéro de téléphone direct que je connaissais, sinon rien n’allait se passer. Je trouve dommage… en fait, ce que j’ai trouvé dommage c’est qu’un milieu hospitalier sait que la santé se dégrade par rapport à un milieu dans la rue, qu’il y ait pas eu plus de démarches qui aient suivies, et qu’on l’ai laissé ressortir dans la rue comme ça, alors qu’on savait que c’était pas un bien pour lui et que la situation allait se dégrader. Mais sinon, je sais qu’à coté de ça ils font plein de belles choses, et puis heureusement qu’ils sont là, ils soignent tout le monde sans distinction, et ça, on à rien à leur reprocher là-dessus, mais c’est juste ça, qu’il y ait un peu plus d’appui, et qu’après il puisse y avoir des répercussions notamment sur le logement, et qu’on relâche pas ces gens dehors quand ils sont vulnérables. Quelqu’un qui s’est coupé de doigt c’est pas pareil, c’est pas grave, mais un monsieur comme moi j’avais c’est pas pareil, qui est âgé, qui a des pathologies assez graves au niveau cardiaque et tout, il faudrait avoir un peu plus de suivi. Peut-être que c’était la malchance, je sais pas, mais n’empêche que ça s’est passé, et si j’avais quelque chose à dire à l’instant T, c’est ce que je dirais.


A travers cette question, ce que je voudrais « dénoncer » et remonter comme information c’est que je trouve que quand il y a des situations comme ça de précarité, et quand il y a des situations du coup qui sont finalement à risque sur du long terme, ou même du court terme, dans ce cas-là, et bah c’est qu’il y a pas assez de relation entre tout ce qui est corps médical et administratif, que ce soit avec les assistantes sociales en interne, ou que ce soit même avec les associations. Là, clairement, il a dit « j’ai une personne qui est dans une association qui m’aide sur l’administratif, à aucun moment on m’a appelée, et ils lui ont promis en plus, « oui on va appeler la personne » mais ils m’ont jamais appelée en vrai… Ce que j’aimerais, si il y a quelque chose qui puisse s’améliorer, c’est plus de relation entre le médecin et une situation à risque, qu’il se mette directement en relation avec une assistante sociale, mais que quelque chose se passe. Que ce soit pas dire au patient « il faudra prendre un rendez-vous avec une assistante sociale » parce que des gens comme ça, qui sont en situation de fragilité et de précarité, ils vont pas forcément faire la démarche parce qu’ils se sentent perdus, parce que les démarches c’est long et fastidieux, et parce qu’ils ont pas forcément envie de le faire. Alors que parfois, juste de faire une petite amorce au niveau médical, de dénoncer une situation, « voilà ce monsieur, attention dans 3 jours il sort, il a pas de logement, est-ce que vous pourriez vous assurer qu’il a bien fait toutes les démarches au niveau du 115, auprès de la maison de la veille sociale », juste faire un signalement de la part du corps médical au niveau du pôle administratif, pour qu’après toute la machine se mette en place, ce serait génial. Et là en l’occurrence ça n’a pas été fait, et pourtant; il y a eu une semaine, c’était pas une admission aux urgences, c’était vraiment du long terme, ils savaient, sur le compte rendu médical d’hospitalisation c’était marqué qu’il était SDF mais il n’a pas été réorienté vers une autre assistante sociale, il a fallu que ce soit moi à mon niveau après qui fasse la démarche.



Est-ce qu’il y a une histoire ou une personne qui t’as marquée dont tu aimerais nous parler ?


En ce moment je fais de l’accompagnement sur deux personnes bien spécifiques, donc il y a Marco, qui me touche beaucoup parce que c’est un monsieur d’un certain âge, qui est bienveillant avec tout le monde. Il a une histoire qui est liée au Covid, donc où lui sa vie a clairement basculé du jour au lendemain, et lui il me touche parce qu’il a un certain âge mais il cherche du travail, il fait tout pour s’en sortir en fait. Et c’est vrai qu’en tant qu’association, que bénévole, même en tant que personne tout simplement, j’essaie de l’aider au maximum. Et lui il me marque parce que malgré la situation dans laquelle il est, il a toujours le sourire, il est toujours gentil, il est jamais de mauvaise humeur, c’est une vraie leçon de vie.

Et la deuxième personne c’est Mairé, qui est une dame qui vient de Polynésie française. Et elle, concrètement, moi qui suit une femme, ça me touche, parce que je sais exactement les problématiques qu’on peut avoir. Et, pour moi, c’et une guerrière, elle va en formation, elle dormait dehors (parce que maintenant on a trouvé une solution), mais son histoire me touche, parce que c’est quelqu’un vraiment que j’ai vu dans une tente , qui était vraiment au fond au fond, et au fur et à mesure de l’accompagnement, que ce soit aussi bien sur des distributions ou même des visites comme ça que je lui ai rendues sans association sans rien, aujourd’hui de la voir en logement et presque avec un travail, c’est magnifique ! Et j’aimerais tellement que toutes les histoires soient comme ça ! Mais, je pense que c‘est l’histoire qui m’a le plus marquée, parce que tu pars de zéro et t’arrives presque à une stabilité, même si la route est encore longue. Mais j’ai trouvé ça génial, parce que tu passes par toutes les émotions, sans vouloir vraiment le montrer au bénéficiaire. T’as de l’inquiétude comme si c’était quelqu’un de ta famille en fait, et vraiment, de la sentir libérée c’est pfouu ! c’est génial ! Le jour où elle a été en logement j’ai pleuré ! Non pas parce que c’était que j’étais pas contente, au contraire, c’était la plus belle finalité que je pouvais avoir, même plus que son travail au final, parce qu’avec un RSA elle arrive à vivre. Mais c’était de me dire "mais par où elle est passée !". Déjà, comment elle a réussi à traverser toutes les choses par lesquelles elle est passée, toutes les confessions qu’elles m’a faites aussi sur sa vie, par exemple, comment on fait quand on est une femme à la rue, quand on a des périodes de règles, comment on fait pour aller aux toilettes, pour se laver, l’intimité qu’on a plus dans la rue, etc. Donc déjà elle m’avait énormément touchée, et en fait, le fait de la mettre à l’abri, enfin qu’elle arrive à être à l’abri, parce que finalement c’est pas moi qui l’y ait mise, c’est le destin qui a fait qu’elle ait pu se mettre à l’abri, et bah je pense que j’avais tellement la pression que.. voilà, ça m’a touchée ! J’ai pleuré, pas devant elle hein ! Mais voilà, ça m’a touchée, c’est une belle histoire, et je m’en rappellerai toujours. D’ailleurs, on s’est toujours fait des promesses, parce qu’au-delà d’une personne que j’accompagne, c’est comme une amie en fait. Donc c’est magnifique franchement ! C’est une belle histoire et j’espère qu’elle va continuer et qu’elle replongera pas ! Parce que c’est pareil, quand t’accompagnes les gens t’as l’impression que c’est toujours crescendo mais il y a des moments de creux. Donc, même toi en tant que bénévole, t’as des moments d’incertitude où même toi tu te dit « on va pas y arriver », mais en fait, quand tu vois que là elle arrive quasiment au bout, tu te dit c’est génial ! C’est une belle victoire ! Et même si c’est une personne parmi des centaines, et bah c’est toujours une personne sortie de la précarité, qui arrive à avoir une stabilité, où tu t’es dit au début quand tu l’a rencontrée « bah je sais pas par où m’y prendre » et au final, grâce à sa force de caractère, et au fait qu’on a eu de la chance sur certains points aussi, parce que des portes se sont ouvertes à nous au bons moments, bah c’est à la fois une satisfaction mais surtout un vrai bonheur ! Plus que la satisfaction même ! Parce qu’aujourd’hui elle arrive sur des choses dont elle avait envie, où on avait du mal à y croire ! Donc c’est sûrement l’histoire qui m’a le plus marquée, surtout quand tu sais qu’elle vient de Polynésie, où t’as l’impression que c’est paradisiaque, et qu’elle s’est retrouvée là, en pleine Part-Dieu, en plein hiver en plein Covid ! Et je pense que c’est l’histoire qui m’a le plus touchée, et c’est celle aussi qui m’a fait le plus de confidences. Et, en tant que femme, je me suis vraiment retrouvée en elle, en plus c’est une maman comme moi. Donc c’est une belle histoire et j’espère que je pourrai continuer à l’accompagner même en dehors de tout ça, et que ce sera elle qui m’emmènera découvrir la Polynésie, et qu’on fera des visites et tout ! Et ce qui me touche d’autant plus chez elle, c’est que c’est une personne en plus de ça qui au-delà de s’en sortir, donne aujourd’hui aux autres, elle m’accompagne sur des distributions, elle va sur son milieu en plus où elle était, là où elle avait ses propres amis avec qui elle dormait etc, et aujourd’hui c’est elle qui donne ! Et quand je vois le bonheur que ça génère aux uns et aux autres, en fait ça donne de l’espoir aux autres, et elle, elle est super fière d’elle ! Pour moi c’est la plus belle histoire que j’ai jamais rencontrée, et j’espère que j’en aurai d’autres comme ça ! Mais voilà c’est pas facile, le cheminement est long, mais faut jamais désespérer, toujours garder espoir et faire du mieux possible, et quand on sait pas faire, ou qu’on peut pas faire, déléguer à d’autres associations ou bénévoles.



Et c’est ce genre de victoires qui te donne la force de continuer ?


Oui, franchement, c’est ce genre de beaux évènement comme ça qui te donne, envie de poursuivre ! C’est quand t’as justement des doutes, parce qu’on a toujours des doutes quand on est bénévole, moi j’en ai régulièrement, et des fois t’es fatiguée, aussi bien psychologiquement que physiquement, et c’est des choses comme ça qui font que t’as encore plus envie de t’investir, parce que, comme je te disais, même si c’est une personne parmi des centaines, et bah c’est une personne qui va créer derrière d’autres bonheurs à d’autres personnes ! Quand tu sors quelqu’un de la précarité comme ça, quand tu l’aides, quand tu l’accompagnes, tu sais que quand elle sort durablement de la précarité, ça sauve quelque part un petit peu toute une famille, parce que derrière elle, elle a des enfants, elle a des petits enfants, qui sont inquiêts pour elle, elle a une maman. Et en fait, du moment qu’elle, elle est sortie de tout cet environnement qui était difficile pour elle, et bah ça génère du bonheur pour tout le monde ! Et là, tu peux qu'avoir le smile et te dire « je continue ! ». Oui, c’est une sorte de victoire, même si je sais que moi, je suis juste une petite cause pour la mettre sur le bon chemin. Après, c’est vraiment le bénéficiaire qui fait les choses, parce que tu peux pas prendre par la main quelqu’un qui n’avance pas. Il faut vraiment travailler à deux. Ca fait partie des « petites victoires » qui font que t’as jamais envie d’arrêter ! Et que tu continues !



C’est quoi le plus dur dans ton travail associatif ?


Le plus dur, c’est justement de pas arriver à « sauver » tout le monde. En fait, moi j’aimerais tellement ne pas m’arrêter par exemple à donner un repas, ou ne pas faire qu’une visite, juste un « bonjour, comment ça va ? », j’aimerais tellement pouvoir les embarquer dans d’autres choses. Ce qui est difficile en fait,, c’est de les voir et de se dire et bah je sais que je vais revenir la semaine prochaine par exemple et que je vais les revoir dans la même situation. J’aimerais arriver à les autonomiser et arriver à les sortir de ces galères durablement. Et en fait, j’ai l’impression aujourd’hui que tout est difficile, toutes les démarches sont difficiles, que le logement c’est difficile, et je pense que les périodes de ma vie où c’est le plus difficile dans l’accompagnement, c’est l’hiver, parce qu’il fait froid, les conditions sont rudes, même moi des fois quand je les laisse en maraude je me dis, mais comment ils font pour vivre dans des conditions comme ça ? C’est ça qui fait mal. Des ,fois je me dis que j’aimerais les ramener chez moi ! Mais je sais que c’est pas possible ! Ce qui est difficile en fait pour moi c’est la frustration de ne pas pouvoir donner plus qu’un repas ou qu’une discussion. Même si, effectivement, dans le temps j’arrive à pouvoir donner un petit peu plus en faisant de l’accompagnement plus social, mais les démarches sont tellement longues, que c’est difficile. La frustration de se dire que j’arrive pas à leur apporter ce que j’aiemerais pouvoir leur apporter. Et pourtant je sais que même un sourire, même un bonjour, même un repas, c’est super important, mais on aimerait tellement pouvoir donner plus… mais bon, malheureusement, on ne peut pas, et quand on peut, on fait petit à petit, et doucement ! Ce que je pourrais reprocher c’est toute la complexité de l’administratif, des attributions, notamment des logements, des droits sociaux, comme la Sécurité Sociale par exemple, de la recherche d’emploi, c’est très très difficile, et je pense que c’est ça les freins que je peux rencontrer dans l’accompagnement et qui me sont le plus dur à accepter et le plus dur à lever, ce sont les freins périphériques, qui sont à la fois le logement, les droits, tout ce qui est accès à la santé, c’est très très compliqué ! Pour avoir par exemple des cartes AME ou la CSS (l’ancienne CMU) et bah c’est des semaines d’accompagnement, alors que c’est des domaines que je connais très bien, mais voilà, tout est difficile, alors que ça, c’est des choses qui devraient être facile. Certes on a des droits, on peut avoir des droits en France qui sont reconnus, même au niveau de la Sécurité Sociale, mais pour arriver à avoir une carte vitale ou une carte AME des fois il faut se battre. Et c’est un peu ce que je regrette, parce que, si c’est difficile pour nous, en tant que bénévole, de les accompagner, alors imagine quand eux ils sont dans la précarité comment c’est difficile ! Donc le plus dur c’est l’accompagnement des freins périphériques et la complexité des systèmes, de savoir le cheminement, quand tu veux accompagner quelqu’un par exemple jusqu’au logement, de savoir quelle instance je dois solliciter en premier, qui je dois aller voir après, si ça ne fonctionne pas qu’est-ce que je dois faire, etc. Et je trouve justement qu’on devrait être plus formés, même si on reste des bénévoles, on devrait avoir des structures qui nous forment à ça. De savoir, quand je ne sais pas où aller chercher un vêtement, quelle association pourrait aller lui donner un vêtement. Si je veux faire de l’accompagnement social, quelle structure, autre qu’une maraude alimentaire, pourrait l’aider. Et je trouve qu’on n’a pas assez de connaissances à ce niveau, et c’est dommage, on n’est pas formés correctement pour aiguiller nos bénéficiaires. Parce qu’il y a aussi des gens qu’on voit qu’une seule fois, et en une seule fois on pourrait leur apporter beaucoup de choses si on était formés, des fois on va les voir, on va leur donner un repas, ils nous posent une question et on ne sait pas répondre, et c’est dommage, parce qu’on pourrait mieux faire avancer les choses.



Qu’est-ce qui t’apporte le plus de joie et de gratitude ?


C’est de voir que les bénéficiaires s’en sortent au-delà d’un repas. Mais aussi ce qui m’apporte de la joie c’est d’échanger avec eux, d’arriver à les comprendre, qu’ils soient contents aussi qu’on les prenne en compte. Mais je crois que la plus grande joie que j’ai, et malheureusement ça n’arrive pas non plus assez régulièrement, c’est quand je ne les vois plus dans la rue mais que je les vois en dehors. C’est de me dire, bah par exemple Mairé, aujourd’hui je la vois plus dans une tente, je la vois plus en train de me dire j’ai besoin de telle chose parce que j’ai pas d’argent pour me l’acheter. Aujourd’hui c’est de voir que la personne, bah certes elle a été au fond du trou, mais aujourd’hui elle est bien et qu’elle s’en est sortie grâce à sa force de caractère et sa ténacité. De voir leur sourire, de voir qu’ils sont contents de nous accueillir, qu’ils nous questionnent sur nos propres vies à nous aussi, en fait ça leur redonne des liens sociaux dont ils ont besoin, et c’est ça en fait les petits bonheurs que je peux avoir ! Et le summum c’est de les voir en dehors et que c’est même eux aujourd’hui qui donnent du temps aux autres, comme eux ils ont reçu ! De les voir passer de bénéficiaire à bénévole, c’est la plus belle victoire qu’on peut avoir ! C’est que la roue tourne et que tout est possible surtout, et qu’il faut toujours garder espoir, parce que même si des fois le chemin est long, c’est souvent les chemins les plus sinueux qui sont les plus beaux au final !



Comment arrive-tu à gérer tout ça, les histoires difficiles, l’accompagnement, sur le plan personnel ?


Alors ça je t’avoue que c’est pas facile du tout. Au tout début quand je faisais de l’associatif c’était très dur, en plus je fais beaucoup de trajets en voiture parce que j’habite loin, et j’avais du mal à décrocher. Il y avait des soirs où je n’arrivais même pas à dormir. Et bizarrement, à force de côtoyer les gens, et à force de se rendre compte qu’être fort pour eux, c’est un bien pour eux. Par exemple, je me rends compte que si j’ai pas les larmes aux yeux, si je montre que je suis pas forcément touchée, ça leur donne une certaine force, ils se sentent pas enfoncés encore plus. Par contre, j’ai besoin au moins deux/trois fois par an de vraiment décrocher de l’associatif et de prendre des petits moments pour moi, par exemple partir une semaine au vert ou à la mer pour me ressourcer. Parce que parfois c’est très dur émotionnellement et psychologiquement, donc j’ai besoin de me retrouver moi. Parce que pour pouvoir bien prendre soin des autres il faut déjà savoir prendre soin de soi. C’est des moments où j’essaie de me retrouver aussi en famille, avec mes enfants, j’essaie de leur donner aussi un maximum de choses pour que ce soit pas non plus un frein pour eux. Parce que dans l’associatif on donne beaucoup de notre temps, plus on connait le monde associatif, plus on s’oublie, et c’est très important de se ressourcer en famille ou même des fois tout seul. Moi c’est plutôt ça mon échappatoire, je me ressource toute seule, une bonne semaine, et voilà après ça repart !



Tu aimerais rajouter quelque chose ?



Il ne faut pas oublier que dans la vie tout change, aujourd’hui on peut être bien, et demain tout peut changer, qu’on est vraiment tous égaux, qu’on doit être solidaires les uns des autres. Il ne faut pas oublier que les gens qui sont dans la rue ça peut être des gens de notre famille, notre voisin, des gens qu’on pourrait connaitre. La vie peut basculer du jour au lendemain. J’ai vu beaucoup d’histoires de personnes qui étaient insérées socialement, qui avaient un travail, une famille, et qui pour des raisons quelconques, que ce soit une maladie, un décès dans la famille, une perte d’emploi, un divorce, des choses de la vie de tous les jours, qui peuvent arriver à tout le monde. La roue tourne très vite, et peut-être qu’aujourd’hui c’est nous qui donnons, mais peut-être que demain c’est nous qui aurons besoin d’aide. Et c’est pour ça que j’aimerais sensibiliser les gens sur le fait que même donner une heure de son temps c’est toujours profitable, que de faire des actions isolées c’est bien, mais le mieux c’est de s’unir, parce qu’on se complète, et qu’on est beaucoup plus forts ensemble. On a l’impression d’être un petit grain de sable, mais si on réunit tous les grains de sables on devient une grande plage. Et je me dis, peut-être qu’aujourd’hui je me sens un petit grain de sable, mais j’espère que je suis le petit grain de sable qui va avec plein d’autres, et qu’on fait de belles choses, qu’on est une force. Il faut s’unir, se donner la main, on s’en fiche des codes, on s’en fiche des origines, des âges et tout ! Il faut vraiment essayer de donner le meilleur de soi-même et je pense que c’est important d’essayer de laisser une belle empreinte derrière nous, parce que c’est une manière d’éduquer nos futures générations, c’est une manière de montrer au monde que les choses sont belles, et que des fois d’un tout petit geste d’un tout petit truc, on peut sauver quelqu’un. J’ai une anecdote par exemple, quelqu’un qui m’avait contactée sur Facebook et qui m’avait demandé de l’aide, et j’avais simplement répondu à son message. Après, il m’avait recontacté en me disant « ce soir-là j’avais décidé de faire des grosses bêtises, et le fait que vous m’ayez juste répondu pour me dire que telle association pouvait peut-être me prendre en charge ça m’a fait changer la donne ». Et je me dis qu’en fait on ne se rend pas compte que parfois, juste un sourire, juste tendre la main, juste s’assoir deux minutes à la hauteur de quelqu’un, ça peut carrément changer le cours des choses, parce qu’on se rend pas compte des fois de la souffrance qu’ils ont, et voilà… Je pense qu’il n’y a pas de petit don ni de petit accompagnement, toutes les choses qu’on peut faire sont profitables et positives.


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