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Léa Camerano

Retour d'expérience, Léa

Dernière mise à jour : 27 août 2022


Quand j’ai commencé à récolter des témoignages, j’imaginais que j’allais rencontrer des personnes en situation de précarité, d’exclusion sociale, et qu’iels allaient me raconter leur vie, leurs souffrances, leur parcours. J’étais naïve et pleine de préjugés. Je pense que je voulais du sensationnel pour prouver quelque chose, montrer le vrai, le cru, choquer, toucher, « avoir un impact ». Mais la vérité, c’est que ce sont avant tout des personnes, de vraies personnes, qui ont le droit à leur intimité, qui ont d’autres choses à raconter que leur parcours, qui ont plein de bonheur et de joie à apporter, et surtout, qu’iels ne nous doivent pas leur histoire. Je pense que c’est une belle leçon que j’ai apprise. Dès qu’on se retrouve devant une personne qu’on "interview", on se retrouve forcément en elle, nous sommes tous des êtres humains, avec notre histoire, l’histoire qu’on se raconte, avec nos failles, ce qu’on veut partager, et ce qu’on veut garder pour nous. Et les personnes que j’ai pu rencontrer sont bien plus qu’une histoire triste, qu’un parcours douloureux, que des réfugié.e.s, des sans abris. Iels sont comme nous, et je me suis retrouvée en chacun.e d’elleux, avec la peur, pour soi, pour ses proches, la solitude, l’attente, les doutes, le besoin de chaleur humaine et d’échange, les rires, la joie, l’entraide, le courage, la résilience, la force.

Je n’ai pas besoin de connaître leur histoire pour leur apporter mon aide, me prouver qu’iels la méritent. Je n’ai pas besoin d’entendre chaque chose qu’iels font pour s’en sortir. Ce n’est pas à moi de juger de si iels font assez, si iels sont légitimes de recevoir de l’aide, un soin de qualité, un repas, une discussion, un sourire. Quand quelqu’un vient m’aider, iel ne me demande pas de prouver que je mérite son aide, que j’ai eu une vie difficile, que je fais tout pour améliorer ma situation, que je mérite son empathie, son respect et sa douceur. Iel m’explique, cherche à savoir si j’ai bien compris, me demande mon avis, mes préférences, mes besoins. Tout le monde mérite un accès égal à la santé, et une prise en charge adaptée à ses besoins.


J’espère que par les témoignages que nous avons récolté, nous auront réussi à vous montrer une petite partie de la réalité sociale, de l’humanité que nous avons essayé de capturer. J’espère qu’ils vont permettront de voir à quel point la barrière qu’on s’imagine se dresser entre «les autres» et « nous » est infime, voir inexistante, et qu’ils vous aideront à plus vous mettre à leur place, et à mieux cibler et comprendre les besoins qu’ils peuvent avoir en fonction de leur situation. Soigner tout le monde sans distinction ne devrait pas signifier prodiguer un soin identique à chacun.e, mais un soin adapté aux besoins de chacun.e. Mieux comprendre les besoins et difficultés paraît alors indispensable dans notre rôle de soignant, si nous souhaitons réellement soigner et aider. Il est alors incontournable de dépasser nos préjugés, de chercher à comprendre, à apprendre, à aller plus loin et à se former.


Je pense qu’il faut que l’on reste humbles, qu’on prenne conscience qu’on ne sait pas toujours mieux que les patient.e.s ce qui est bon pour elleux, ce qui est le plus urgent, ce qui est primordial. Il faut qu’on écoute plus, et mieux, qu’on interroge, qu’on s’interroge, qu’on essaie de voir plus grand, plus large, plus qu’un.e patient.e, une personne avec un parcours, une famille, des besoins qui ne sont pas forcément les nôtres ou ceux qu’on imaginerait pour elleux. Nous avons beau penser que nous sommes plein.e.s d’empathie, que nous nous efforçons de ne pas juger et que nous traitons tout le monde de la même manière, nous avons tous énormément de croyances à déconstruire et de travail à faire sur nous-même pour essayer de mieux comprendre chacun.e. Je suis persuadée qu’en mettant de côté notre ego, en allant vers l’autre avec le seul soucis de l’écouter et d’entendre ce qu’iel a à nous proposer et à nous confier, de demander comment on peut mieux aider, on peut aller vers une médecine plus humaine et plus égale.



J’espère que ces témoignages vous plairont et vous donneront envie d’aller plus loin. Je vous souhaite une bonne lecture.




Léa Camerano

Membre du projet Humanité(s)

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